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Rédiger facilement l’introduction de la dissertation

Sommaire

Rédiger facilement l’introduction de la dissertation

Dans cet article, je te montre comment faire une introduction de dissertation avec ma méthode simple qui fonctionne notamment en philosophie, en culture générale, en français, en histoire, en droit et en économie.

L’introduction de la dissertation a un poids disproportionné dans la notation, et elle peut même suffire à juger la copie dans sa totalité.

Dans les dissertations brillantes, elle est souvent aussi longue – parfois autant qu’une grande partie – que profonde.

Comment donc expliquer l’importance cruciale de l’introduction ?

Je vois 3 raisons principales :

  • l’introduction concentre les deux enjeux fondamentaux de la dissertation, la réflexion (surtout dans la problématisation) et l’expression (l’introduction est la partie la plus difficile à rédiger étant donné la diversité des enjeux) ;
  • elle sert un peu d’échantillon représentatif de toute la dissertation ;
  • elle conditionne l’appréciation du correcteur : c’est le biais de confirmation d’hypothèse, en vertu duquel toute première impression, quoique fugace, laisse dans l’esprit de l’homme une empreinte durable qui l’entraîne à chercher en priorité à confirmer la première impression.

Le commencement est la moitié de tout.
— Pythagore

L’introduction de la dissertation crée un biais de confirmation chez le correcteur.

Si elle est conforme à ses attentes, alors il situera, consciemment ou inconsciemment, la copie dans une fourchette de notes haute ; puis il remarquera en priorité, dans la suite du devoir, les éléments qui confirment son premier jugement.

La réussir est donc crucial pour réussir la dissertation.

Lis attentivement cet article, et tu sauras comment rédiger facilement une bonne introduction. Si tu as des questions, pose-les-moi dans les commentaires et j’y répondrai sans faute.

Comment faire une introduction de dissertation réussie ?

Le point de départ est évident : l’introduction de ta dissertation est réussie si et uniquement si elle plaît au correcteur. Il faut donc rentrer dans sa tête pour comprendre ce qu’il valorisera en lisant la première partie de ta copie.

Le correcteur évalue surtout 3 choses :

  1. si l’introduction respecte les conventions de l’exercice de la dissertation ;
  2. si le propos est pertinent par rapport au sujet ;
  3. si elle est facile à lire.

Prenons maintenant les 3 points un par un.

Par convention, l’introduction de la dissertation :

  • commence par une phrase d’accroche, ou amorce ;
  • définit les termes du sujet ;
  • propose une problématique ;
  • annonce le plan.

La pertinence du propos de l’introduction dépend de ta réflexion préalable, donc je ne vais pas en parler dans cet article.

Enfin, comment rédiger une introduction facile à lire ?

Souvenez-vous en toujours, vous n’écrivez pas pour vous, mais pour vos lecteurs.
— Jack London, Profession : écrivain

Or, ton lecteur est très particulier : il n’a pas envie de te lire.

Plus précisément, le correcteur n’a pas envie de te lire pour 3 raisons :

  1. il n’a pas choisi de le faire (contrairement à un livre qu’il lit par intérêt) ;
  2. les copies se ressemblent beaucoup, puisqu’une multitude d’élèves traitent le même sujet (eh oui) ;
  3. tu es nul(le) dans la matière par rapport à lui – on ne va pas se mentir – donc ta dissertation ne lui apprend rien, au contraire elle risque de le désespérer.

Seulement, même si c’est pénible, il est bien obligé de lire ta copie – c’est son devoir de professeur, ou bien une mission ponctuelle (rémunérée) de correcteur – donc il lit rapidement et grossièrement ta dissertation.

Par conséquent, ton objectif est de faciliter une lecture rapide et grossière de ta dissertation, en particulier de l’introduction. Tu dois épargner tout effort au correcteur.

Comment faire ?

Le moyen le plus simple est d’éviter les principales erreurs des introductions les plus pénibles à lire :

  • un seul et unique paragraphe très compact ;
  • une méthode confuse, voire absente ;
  • une accumulation injustifiée de questions ;
  • le recrachage du cours.

Pour éviter les 2 premières erreurs, il faut diviser l’introduction en plusieurs parties.

Les 5 parties de l’introduction de la dissertation

Dans ma méthode de dissertation, je divise l’introduction de la dissertation en autant de paragraphes qu’il y a d’enjeux pour faciliter la lecture du correcteur.

Voici les 5 enjeux de l’introduction :

  1. faire rentrer le correcteur dans la dissertation : c’est à cela que sert l’accroche, ou amorce de l’introduction ;
  2. définir les termes du sujet ;
  3. mettre en évidence le problème intellectuel du sujet, ce qu’on appelle « problématiser »dans le jargon de l’exercice ;
  4. formuler ce problème intellectuel sous la forme d’une seule et unique question, la problématique de la dissertation ;
  5. annoncer le plan de la dissertation.

Pour les distinguer explicitement dans la copie, tu consacres un seul et unique paragraphe à chaque enjeu. Tu laisses un alinéa avant de rédiger l’accroche ; tu reviens à la ligne et laisses un nouvel alinéa pour définir les termes du sujet — et ainsi de suite.

Conventionnellement, on sépare l’annonce de plan des autres paragraphes de l’introduction par un saut de ligne.

En consacrant ainsi un seul et unique paragraphe à chaque enjeu de l’introduction, tu indiques clairement au correcteur comment tu réfléchis. La transparence de cette méthode lui permet de suivre plus facilement ton raisonnement –  ce faisant, tu gagnes des points dans son esprit.

On communique par écrit pour être lu et compris et pour convaincre, pas pour tenir le lecteur à distance, l’irriter ou le laisser dans le doute sur ce que l’on a voulu exprimer.
— Rapport de correction 2016, Sciences Po Paris

Tu as bien sûr intérêt à faire la même chose dans toute la dissertation en mettant en évidence les étapes et les sous-étapes de ton argumentation.

Voyons maintenant comment rédiger chaque partie de l’introduction.

Rédiger facilement l’amorce de l’introduction de la dissertation

Les experts de la drague sont d’accord : les premiers mots ne font pas tout, mais ils ont une incidence disproportionnée sur la probabilité de succès.

En dissertation, l’accroche crée un biais de confirmation : si tu la réussis, le correcteur lira ton introduction avec un a priori positif.

On a qu’une seule chance de faire une bonne première impression.
– Olivier Geary, 7 Ans de Séduction

Dans mon expérience, les élèves ratent l’amorce pour 3 raisons :

  1. ils ignorent sa fonction ;
  2. ils n’ont pas de méthode pour la rédiger ;
  3. ils ne l’ont pas préparée.

Je vais les analyser une par une.

1° À quoi sert l’accroche dans une introduction ?

Dans le détail, elle sert à 2 choses :

  1. capter l’attention du correcteur ;
  2. démontrer un intérêt (prétendument) authentique pour la question.

2° Comment rédiger l’amorce ?

Je divise toujours le paragraphe de l’accroche en deux parties qui correspondent aux deux sous-enjeux que j’ai identifiés (1° capter l’attention, 2° justifier l’intérêt du sujet).

Je consacre tout d’abord 2-3 phrases à l’amorce proprement dite, une information précise en rapport avec le sujet visant à éveiller la curiosité du lecteur.

Étant donné que l’accroche doit être précise, tu dois bannir les phrases très générales (dont l’affirmation est d’ailleurs souvent fausse) du type :

  • « De tout temps, les hommes… » ;
  • « Les hommes ont toujours pensé… » ;
  • « L’histoire montre que… ».

5 types d’accroches sont possibles (ordre de difficulté croissante) :

  1. introduire une référence comme tu le ferais dans un paragraphe du développement : « Dans La République, Platon affirme que… » ;
  2. citer un auteur : « « La politique est l’art de mentir à propos. » Voltaire définissait ainsi la politique… » ;
  3. raconter une anecdote : « Selon la légende antique, l’art de la mémoire serait né lors d’un accident. Etc. » ;
  4. invoquer un fait d’actualité récent : « Une équipe de chercheurs du laboratoire de neurobiologie de l’université américaine de Stanford a montré en septembre 2018 que… » ;
  5. présenter une statistique précise : « Selon une étude de 2017 du cabinet Deloitte, 1 Français sur 9 était abonné à une salle de fitness en 2016. ».

Je te conseille de recourir en priorité aux 3 premiers types d’accroches parce qu’ils sont plus faciles à trouver et plus simples à rédiger.

Après les 2-3 phrases d’accroche, je passe à la « justification du sujet ». Le but est de transmettre implicitement au correcteur, en une seule et unique phrase, le message suivant : « Le problème intellectuel mérite d’être posé, et il m’intéresse ».

En pratique, j’utilise quelques modèles de phrases comme :

  • « Il convient donc de s’interroger sur… » ;
  • « Cet exemple nous invite ainsi à réfléchir à… » ;
  • « Il paraît donc nécessaire de questionner… ».

Il suffit donc d’une phrase très conventionnelle pour justifier le sujet et faire la transition vers la partie analytique de l’introduction.

En synthèse, pour une épreuve de dissertation assez longue (au moins 3 heures), mon paragraphe d’amorce consiste en 3-5 phrases :

  • 1 phrase pour introduire l’accroche proprement dite ;
  • 1-3 phrase(s) pour la développer ;
  • 1 phrase « mécanique » pour justifier l’intérêt du sujet.

Exemple d’accroche avec le sujet « Faire parler un texte » (HEC 2017) :

« Louis-Ferdinand Céline appartient au panthéon littéraire du XXe siècle en partie parce qu’il a revivifié la langue française en métissant la parole écrite et la parole orale. Ainsi, le mélange des niveaux de langage, l’argot, les variations de rythme, et l’abondance des petits points peuvent donner au lecteur l’impression que le texte parle lui-même. Cette innovation stylistique n’épuise cependant pas les sens de l’expression « faire parler un texte », à bien des égards énigmatique. Il est donc nécessaire de réfléchir à la pertinence et à la portée de cette expression. »

Remarque : dans ce cas particulier, j’utilise la 3ème phrase comme transition entre l’accroche et la justification du sujet.

3° Comment rédiger facilement le paragraphe d’amorce ?

Deux cas de figure sont possibles :

  1. soit tu as une culture personnelle assez fournie pour y piocher directement une accroche ;
  2. soit elle est insuffisante, auquel cas tu as intérêt à préparer les amorces à l’avance (tu es très probablement dans ce cas, soyons honnêtes).

Pour ce faire, tu dois développer le réflexe d’identifier de potentielles accroches. En cours, quand tu révises, ou quand tu lis, tu te dis « Ah tiens, ça ça ferait une bonne accroche pour un sujet sur tel thème. », et tu notes l’idée quelque part.

Si ton épreuve de dissertation porte sur un thème précis, tu peux même élaborer un petit recueil d’accroches dans lequel tu n’auras plus qu’à piocher le jour J.

Définir les termes du sujet dans l’introduction de la dissertation

Je me souviens qu’à la Sorbonne, mon directeur de mémoire de philosophie s’était énervé parce que j’étais en train de lire le Léviathan, un pavé de 1000 pages, en entier, alors que je devais évidemment me contenter des passages essentiels pour mon sujet si je voulais terminer à temps.

Il avait d’autant plus raison que j’ai finalement retenu peu de choses.

Je me souviens quand même d’un passage en particulier, où Hobbes (l’auteur) critique le laxisme dans la définition des termes qui est à l’origine des délires des théologiens :

Les mots sont les jetons des sages, avec lesquels ils ne font rien d’autre que des calculs, mais ces mots sont la monnaie des sots.
– Hobbes, Léviathan

Impossible de réfléchir avec rigueur sans définir avec précision.

Quand tes profs insistent sur la définition des termes dans l’introduction de la dissertation, ils ont donc raison. Après, il ne suffit cependant pas de le dire, il faut des instructions précises.

Comment définir les termes du sujet ?

1° La première opération consiste à identifier les termes à définir.

Ce sont ceux qui sont cruciaux pour la résolution du problème et/ou ceux dont le sens recèle une ambiguïté. Dans certains cas, il peut être nécessaire de définir tous les mots du sujet, mais il ne faut pas le faire aveuglément, par pur principe.

Exemple avec le sujet « Faire parler un texte » (HEC 2017) :

  • il faut définir le verbe « parler » (le thème de l’année était « la parole ») ;
  • il faut ensuite préciser la nuance apportée par le verbe « faire » ;
  • il faut enfin définir le nom commun « texte ».

2° La deuxième opération consiste à identifier la nature de chaque terme.

Il ne s’agit pas de savoir si tu as affaire à un nom commun, un adjectif, un verbe, etc., mais de catégoriser le mot en fonction de l’enjeu de définition.

En effet, certains termes sont des notions clés du programme dont la définition est dans le cours ; d’autres en revanche, sont des mots vagues qu’on emploie au quotidien dans de multiples et diverses situations, et dont même le dictionnaire ne fournit pas une définition vraiment précise. Or, cette catégorie de termes ne représente bien sûr pas le même enjeu de définition.

Pour faire simple, tu peux distinguer :

  1. les termes du cours, c’est-à-dire ceux dont la définition est au programme ;
  2. les termes « techniques », qui sont propres à une discipline précise (généralement celle de l’épreuve) sans être directement dans ton cours ;
  3. les termes communs, c’est-à-dire ceux qui ne sont pas « techniques » et qui ne sont pas non plus dans ton cours.

Exemple avec le sujet « Faire parler un texte » (HEC 2017) :

  • le verbe « parler » est un terme du cours dans la mesure où il renvoie au thème de l’année (la définition était dans le cours) ;
  • le verbe « faire » est un terme commun très vague ;
  • le nom commun « texte » est un terme commun (plutôt précis).

Conclusion : la seule difficulté est de donner la définition du cours.

3° La troisième opération consiste à déterminer le degré de précision nécessaire pour chaque définition, ce qui dépend i) du terme lui-même, et ii) de l’énoncé. Les termes du cours et les termes techniques admettent souvent plusieurs acceptions, mais seules certaines sont utiles pour traiter le sujet – à toi de te contenter des bonnes.

Voici comment j’ai défini les termes du le sujet « Faire parler un texte » (HEC 2017) :

« Le verbe « parler » signifie user du langage et de la langue dans un contexte particulier, et qui se distingue des communications orales diverses, comme les cris, les alertes ou les gémissements. L’expression « faire parler » admet généralement pour complément un être doté, ou supposément doté de la parole (par exemple, un accusé ou, de manière plus anecdotique, un perroquet). Un texte désigne un assemblage de signes visant à enregistrer une parole par écrit, et par métonymie cette parole elle-même. »

Commentaires :

  • pour définir l’expression « faire parler », j’ai d’abord rappelé la définition de « la parole » ;
  • j’ai ensuite précisé la nuance qu’apporte le verbe « faire » ;
  • j’ai défini le mot « texte » en 2 temps : 1° sur le plan matériel, comme un assemblage de signes qui sert à enregistrer la parole à l’écrit, et 2° par métonymie, comme la parole écrite elle-même ;
  • concernant la rédaction, je ne cherche pas la poésie, je fais au plus simple en me contentant d’enchaîner les définitions.

Ma méthode simple pour problématiser le sujet dans l’introduction de la dissertation

Un correcteur de l’épreuve de culture générale du concours de l’ENA m’a dit que la problématisation la partie qu’il a le plus de mal à lire dans l’introduction : « Les candidats se contentent d’empiler les questions n’importe comment, et ils ne savent même pas pourquoi ils le font ».

La grande majorité des copies que j’ai lues depuis lors ont confirmé cette remarque.

Or, la problématisation est la partie la plus importante de l’introduction, car elle sert à mettre en évidence le problème intellectuel de la dissertation.

On résout les problèmes qu’on pose et non les problèmes qui se posent.
– Henri Poincaré

L’origine de la difficulté est toujours la même : les élèves ignorent la fonction de la problématisation ; on leur donne des instructions très imparfaites (si on leur en donne) ; et ils ne s’entraînent pas assez pour être efficaces en un temps réduit.

À quoi sert la problématisation dans l’introduction de la dissertation ?

La problématisation à 2 fonctions :

  1. expliciter le « point de départ de la réflexion » : c’est l’aspect le plus frappant du sujet, une idée à la fois évidente et simple de laquelle naît le problème intellectuel de la dissertation ;
  2. mettre en évidence les sous-problèmes du problème principal (d’où les quelques questions).

Du coup, je subdivise le paragraphe en deux parties (mais sans faire d’alinéa), une pour chaque enjeu. Les premières phrases exposent et développent le point de départ de la réflexion ; viennent ensuite les fameuses questions qui donnent la migraine aux correcteurs.

J’utilise une technique pour rédiger plus facilement la seconde partie de la problématisation en évitant l’empilement incompréhensible des questions :

  • je prends les grandes parties de mon plan ;
  • je cherche pour chacune d’entre elles la question dont elle serait la réponse ;
  • je rédige telles quelles ces questions en intercalant entre elles des phrases de liaison (pour le confort de lecture du correcteur).

Voici donc à quoi ressemble mon paragraphe de problématisation :

En synthèse, pour une dissertation en 3 parties, mon paragraphe de problématisation consiste en 8-10 phrases :

  • 3 à 5 phrases (mais ça peut être plus court) pour exposer, puis développer le point de départ de la réflexion ;
  • la question dont le grand I est la réponse, suivie d’une phrase de liaison ;
  • la question dont le grand II est la réponse, suivie d’une phrase de liaison ;
  • la question dont le grand III est la réponse.

Exemple avec le sujet « Travailler moins, est-ce vivre mieux ? » (Bac S 2016) :

« En effet, le travail et le bonheur sont communément perçus comme étant antinomiques. L’individu contemporain, en particulier, semble identifier le bonheur au loisir et à la consommation, des activités dont il peut cependant jouir grâce à la rémunération tirée de son travail. Comment expliquer cette opposition apparemment radicale du travail et du bonheur ? Si elle est réelle, alors travailler moins, voire même arrêter le travail suffiront pour vivre mieux. Ces choix garantissent-ils vraiment un surcroît de bonheur ? L’idée selon laquelle il faut réduire, voire même arrêter le travail pour être plus heureux semble toutefois négliger ce que cette activité peut apporter à l’homme. Le travail pourrait-il alors manquer à celui qui s’en détourne ? »

Sur le plan de la rédaction, tu as intérêt à employer des connecteurs logiques afin de rendre ce paragraphe plus facile à lire.

Ma méthode te facilitera la tâche, mais tu auras du mal à la mettre en œuvre dans le temps imparti de l’épreuve sans un minimum d’entraînement.

Comment rédiger une bonne problématique ?

Le mot « problématique » fait peur, mais il est simplement synonyme de « problème ».

La problématique est la question qui exprime le problème intellectuel à résoudre dans la dissertation. Il s’agit toujours d’une question.

Pour trouver la problématique, il faut d’abord déduire le problème intellectuel du point de départ de la réflexion sans se prendre la tête à le formuler ; puis, dans un second temps, le rédiger sous la forme d’une question.

La question de la problématique doit satisfaire à 2 conditions :

  1. elle doit être différente du libellé du sujet, car la convention de la dissertation veut que tu reformules les énoncés qui sont déjà des questions ;
  2. elle doit être « fermée », c’est-à-dire qu’elle cadre les réponses possibles (souvent « oui » vs. « non »).

Il faut absolument éviter cet écueil : proposer une question ouverte qui ne fait que reprendre certains mots de la citation (ou pire, tous).
– Rapport du jury de la composition française, ENS 2018

En pratique, tu rencontreras 2 cas de figure :

  1. soit le sujet est déjà une question, et alors il suffit dans 90 % des cas de la reformuler, idéalement en y injectant les nuances issues de la problématisation ;
  2. soit il ne s’agit pas d’une question, auquel cas c’est à toi de mettre en évidence le problème intellectuel posé par l’énoncé et d’élaborer la question de la problématique (c’est plus difficile).

Dans les deux cas, tu as intérêt à éviter la complexité. En effet, plus la question est simple, plus il est facile d’y répondre.

La clarté de la problématique est aussi importante pour toi que pour le correcteur.

Exemples de problématique :

  • « L’usage d’un texte pourrait-il recourir à une forme de parole (orale) issue de la parole écrite elle-même ? » (pour le sujet « Faire parler un texte ») ;
  • « Dans quelle mesure le travail s’oppose-t-il vraiment au bonheur ? » (pour le sujet « Travailler moins, est-ce vivre mieux ? »).

L’annonce de plan à la fin de l’introduction de la dissertation

Par convention, tu dois annoncer le plan de ta dissertation, c’est-à-dire présenter les grandes parties du développement, après la problématique.

Certains profs – ils sont plutôt rares – interdisent à leurs élèves de le faire parce qu’ils considèrent que cette convention « tue le suspense ». Dans le fond, ce n’est pas faux ; seulement, on lit une annonce de plan dans 99 % des bonnes copies. Ne te prends donc pas la tête, suis simplement la convention.

Maintenant, comment faire une annonce de plan ?

Tout d’abord, les variantes de formulation sont sans importance.

Peu importe que tu annonces le plan en une seule, ou en plusieurs phrases ; que tu indiques ou pas le numéro de la partie entre parenthèses, tant que le plan est bon et que tu le formules efficacement pour que le correcteur le comprenne facilement.

Voici ma méthode :

  • j’annonce le plan en une seule et unique phrase pour faire ressortir la cohérence des grandes parties (2 phrases pour les plans en 4 parties) ;
  • j’évite le « nous » et le « on » qui peuvent créer l’impression que je donne mon avis ;
  • j’indique les numéros de parties entre parenthèses pour la simple et bonne raison que cela aide le correcteur à se repérer (il n’aura pas besoin de deviner si jamais il a un doute).

Exemples d’annonce de plan :

  • « Si la parole au sens strict semble de prime abord impropre à décrire l’usage d’un texte (I), il apparaît cependant qu’elle possède un rôle fondateur à l’égard de la parole écrite (II), c’est pourquoi elle rend tout de même possibles des usages de la parole écrite qui révèlent une forme d’oralité au sein même du texte (III). » (pour le sujet « Faire parler un texte ») ;
  • « Si le travail semble de prime abord s’opposer au bonheur (I), travailler moins n’est pas pour autant la garantie de vivre mieux (II), d’autant plus que le bonheur peut être trouvé dans le travail (III). » (pour le sujet « Travailler moins, est-ce vivre mieux ? »).

2 exemples d’introduction de dissertation

Exemple 1 : « Faire parler un texte » (HEC 2017)

Louis-Ferdinand Céline appartient au panthéon littéraire du XXe siècle en partie parce qu’il a revivifié la langue française en métissant la parole écrite et la parole orale. Ainsi, le mélange des niveaux de langage, l’argot, les variations de rythme, et l’abondance des petits points peuvent donner au lecteur l’impression que le texte parle lui-même. Cette innovation stylistique n’épuise cependant pas les sens de l’expression « faire parler un texte », à bien des égards énigmatique. Il est donc nécessaire de réfléchir à la pertinence et à la portée de cette expression.

Le verbe « parler » signifie user du langage et de la langue dans un contexte particulier, et qui se distingue des communications orales diverses, comme les cris, les alertes ou les gémissements. L’expression « faire parler » admet généralement pour complément un être doté, ou supposément doté de la parole (par exemple, un accusé ou, de manière plus anecdotique, un perroquet). Un texte désigne un assemblage de signes visant à enregistrer une parole par écrit, et par métonymie cette parole elle-même. Dans cette perspective, « faire parler un texte » signifierait de prime abord le pousser à « dire » ce qu’il ne semble pas pouvoir ou vouloir dire.

À s’arrêter à ce premier sens, la métaphore semble inappropriée pour décrire un phénomène réel. En effet, elle paraît confondre la parole écrite et la parole orale, alors même que l’association de ces deux formes n’a rien d’évident. Elle s’apparente en second lieu à un anthropomorphisme en donnant à imaginer que ce puisse être un texte qui parle lui-même. Or, la parole est une faculté dont l’usage présuppose une conscience et une volonté, deux propriétés évidemment absentes dans un texte, défini aussi bien comme le support symbolique d’enregistrement d’une parole que comme une parole elle-même. La métaphore semble donc à première vue malheureuse, ce qui est cohérent avec la faiblesse de son occurrence. Comment expliquer cette apparente impropriété ? En poussant l’analyse, il apparaît toutefois que la source des sens potentiels de l’expression « faire parler un texte » réside dans la relation de l’oral, c’est-à-dire la parole au sens strict, et de l’écrit. Pourquoi l’intimité des deux formes de parole pourrait-elle sauver la pertinence de la métaphore ? Cette intimité de l’oral et de l’écrit fournirait peut-être alors une piste féconde pour imaginer des cas dans lesquels un texte donnerait l’impression d’être poussé, par le lecteur ou par l’auteur, à parler lui-même, à l’instar du style célinien, dont les propriétés inédites confèrent à l’écrit un semblant de vie autonome associé à l’oralité. Se pourrait-il alors que certains usages de la parole écrite légitiment finalement, dans une certaine mesure, l’emploi de la métaphore ?

L’usage d’un texte pourrait-il recourir à une forme de parole (orale) issue de la parole écrite elle-même ?

 

Si la parole au sens strict semble de prime abord impropre à décrire l’usage d’un texte (I), il apparaît cependant qu’elle possède un rôle fondateur à l’égard de la parole écrite (II), c’est pourquoi elle rend tout de même possibles des usages de la parole écrite qui révèlent une forme d’oralité au sein même du texte (III).

→ Tu peux lire la dissertation entière en cliquant ici.

 

Exemple 2 : « Travailler moins, est-ce vivre mieux ? » (Bac S 2016)

Paul Lafargue s’étonne dans Le Droit à la paresse de « l’étrange folie » qui porte la classe ouvrière à aimer le travail alors même que celui-ci nuit à sa santé physique comme intellectuelle. Dans sa perspective, travailler moins permettra forcément aux ouvriers de vivre mieux. Le titre provocateur de son pamphlet invite cependant à interroger la contribution véritable du loisir au bonheur.

S’il est issu du latin « tripalium » désignant un instrument de torture, le travail n’est pas toujours, selon la réalité historique, synonyme de souffrance. Il peut se définir de manière globale comme une activité forcée qui permet à une personne de gagner sa vie. « Vivre mieux » en travaillant moins signifierait que la réduction du temps de travail suffirait à l’individu pour augmenter la valeur ressentie de son existence, c’est-à-dire à être plus heureux.

En effet, le travail et le bonheur sont communément perçus comme étant antinomiques. L’individu contemporain, en particulier, semble identifier le bonheur au loisir et à la consommation, des activités dont il peut cependant jouir grâce à la rémunération tirée de son travail. Comment expliquer cette opposition apparemment radicale du travail et du bonheur ? Si elle est réelle, alors travailler moins, voire même ne plus travailler suffiront pour vivre mieux. Ces choix garantissent-ils vraiment un surcroît de bonheur ? L’idée selon laquelle il faut réduire, voire même arrêter le travail pour être plus heureux semble toutefois négliger ce que cette activité peut apporter à l’homme. Le travail pourrait-il manquer à celui qui s’en détourne ?

Dans quelle mesure le travail s’oppose-t-il vraiment au bonheur ?

 

Si le travail semble de prime abord s’opposer au bonheur (I), travailler moins n’est pas pour autant la garantie de vivre mieux (II), d’autant plus que le bonheur peut être trouvé dans le travail (III).

→ Tu peux lire la dissertation entière en cliquant ici.

Vidéo sur l’introduction de la dissertation

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Qui est Romain Treffel ?

Passionné par les idées, je veux vous aider à mieux comprendre votre existence grâce au meilleur de la pensée. C’est dans cet esprit que je travaille à rendre les grands concepts plus accessibles et les grands auteurs plus proches de nous.

Passé par l’ESCP, la Sorbonne, et l’École Normale Supérieure, j’aide également les étudiants à réussir les épreuves littéraires des concours des grandes écoles.

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